Le jeu d’intelligence collective qui sensibilise aux enjeux du dérèglement climatique en mobilisant les compétences psychosociales s’est invité à

Samedi 18 mars dernier, 25 de nos élèves de BTS Bioanalyses et Contrôles ont participé à l’atelier « La Fresque du Climat » animé par Emma Wolton (doctorante en philosophie de l’environnement), Déborah Malka (diplômée du CELSA et titulaire d’un Master Responsabilité Sociales et Environnementales des Entreprises) et Sébastien De Salve (ancien consultant en Cybersécurité, en reconversion pour exercer des missions de conseil visant à accompagner les entreprises dans leur transition écologique).

Ce jeu d’intelligence collective a été créé par Cédric Ringenbach. Il est construit à partir des rapports du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat) pour sensibiliser le grand public à la question du dérèglement climatique (causes, mécanismes, conséquences). Il satisfait donc l’un des besoins exprimés par le système éducatif français, celui de sensibiliser les élèves à la transition écologique et au développement durable. Il a vocation à répondre à une urgence, celle de convaincre les citoyens dans toutes les strates de la société de s’engager dans un changement de paradigme (modification majeure des modes de pensées et des habitudes de vie) qui pourrait garantir la préservation des ressources de la Terre et la survie de l’espèce humaine.

Dans le même temps, le jeu est conçu pour développer les compétences psychosociales des élèves (empathie, écoute, dialogue, coopération, pensée critique, créativité, identification et expression des émotions) que l’École ne valorise pas suffisamment alors qu’elles sont indispensables pour former des citoyens résilients – et pas résignés ! – tout à la fois capables de s’adapter, de combattre, de reconstruire malgré les traumatismes induits par le dérèglement climatique, en innovant sur les plans philosophique, technique, etc.

L’atelier débute avec des jeux « brise-glace » pour permettre aux élèves de faire connaissance les uns avec les autres. Cette étape est indispensable pour amorcer une cohésion de groupe sur laquelle toute la stratégie de l’atelier repose.

Le 1er temps de l’atelier est consacré à la construction de la Fresque. Il mobilise la pensée critique des élèves et leur capacité à développer des relations constructives. Les élèves sont répartis dans 3 groupes. Chaque groupe est rassemblé autour d’une table de 2 m sur 1 m sur laquelle est disposée une immense feuille de papier de la même taille. Les 3 animateur-rices se répartissent entre les 3 groupes.

Un 1er lot de cartes est distribué aux élèves dans chaque groupe. Chaque carte porte une illustration sur une face, une brève explication sur l’autre. Chaque élève lit la carte qu’il a entre les mains puis tous ensemble, ils dialoguent et réfléchissent à comment disposer les cartes les unes par rapport aux autres sur la feuille de papier pour comprendre les relations de cause à effet du dérèglement climatique.

Après 10-15 minutes, un 2ème lot de cartes leur est distribué et selon le même schéma de fonctionnement qu’au 1er tour, ils doivent se concerter pour les intégrer à la Fresque sur laquelle sont déjà disposées les cartes distribuées lors du 1er tour de jeu.

Plusieurs tours de jeu se succèdent pour placer les 42 cartes du jeu de la « Fresque du Climat » (dans sa version « adulte ») sur la feuille de papier.

À la fin de chaque tour de jeu, l’animateur-rice fait un débriefing avec les élèves pour s’assurer que les cartes et les liens entre elles sont compris, que les enjeux sont cernés, pour les inviter éventuellement à repenser la place de certaines cartes sur la Fresque, etc. Le dialogue engagé est toujours bienveillant et serein. Il n’y a pas de jugement, pas de mauvaise réponse. Le jeu promeut la coopération où la contribution de chacun est valorisée.

J’ai navigué entre les différentes tables de jeu pour distribuer des oursons guimauve-chocolat, et je me suis réjouie de voir l’émulation au sein des différents groupes (des discussions riches, des sourires et des rires). Un vrai plaisir de partager ce moment avec notre conseillère en développement de projet du Lab’Sorbonne-Cardie, Thérèse De Paulis.

Le 2ème temps de l’atelier est consacré à la décoration de la Fresque. Il sollicite la créativité artistique des élèves. Ils doivent d’abord trouver un titre à la Fresque. Ainsi, l’un des 3 groupes a choisi « À nos actes manqués » en référence à la chanson de Jean-Jacques Goldman. Ils doivent ensuite la décorer tous ensemble avec des feutres de couleur, d’abord en traçant des flèches pour construire les liens entre les cartes, pour l’esthétique ensuite en dessinant au gré de leur inspiration des coccinelles, des fleurs, des montagnes, etc.

Cette 2ème phase de l’atelier est aussi un temps de relâche qui permet de faire une pause pour digérer toutes les informations reçues pendant la 1er partie de l’atelier, pour discuter de manière plus informelle sur la question du dérèglement climatique, pour interagir avec les participants répartis dans les autres groupes et/ou les animateur-rices, etc.

Dans le 3ème temps de l’atelier, les 3 groupes sont rassemblés autour du tableau de la salle de classe. Il est temps de réfléchir aux actions que chacun peut mener pour contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.

Les animateur-rices commencent par casser quelques clichés et stéréotypes sur ce qui contribue ou pas au dérèglement climatique. Ainsi, envoyer 100 mails par semaine émet autant de CO2 que de regarder 1 heure de streaming par jour en HQ sur un ordinateur fixe.

Les animateur-rices de la Fresque nous ont demandé ensuite de partager les émotions suscitées par cet atelier et ce que nous y avons appris. Les élèves ont exprimé leur éco-anxiété. J’ai choisi d’intervenir en dernier : malgré le constat amer des insuffisances de nos actions ces 50 dernières années après la publication du rapport de Denis Meadows sur les limites de la croissance, j’ai rappelé que selon les climatologues, il n’est pas trop tard. Mais nous devons appuyer puissamment sur le frein et changer rapidement de paradigme. Poursuivre sur le chemin de la croissance effrénée sans se soucier des dommages collatéraux, conserver la logique cynique « du monde d’avant », est une erreur dont l’espèce humaine pourrait ne pas se relever. La sobriété est notre seule option.

Pour finir, vient le moment des bonnes résolutions. Deux post-it de couleur différente sont distribués à chaque élève pour y inscrire 2 actions qu’il s’engage à mener pour lutter contre le dérèglement climatique, l’une à impact individuel, l’autre à impact collectif. Ainsi, je me suis engagée à devenir végétarienne, et à contribuer au développement psychosocial des élèves pour les préparer à s’engager dans la « guerre climatique » et à construire « le monde d’après ». Chacun a placé son post-it sur un graphe tracé au tableau, dont l’axe des ordonnées correspond au niveau de difficulté estimé pour sa mise en œuvre et dont l’axe des abscisses correspond à notre estimation de son impact dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Les élèves ont été invités à répondre à un questionnaire après l’atelier. L’immense majorité a trouvé que la construction de la « Fresque du Climat » est un vecteur puissant de cohésion sociale (entre les élèves et avec les professeur(e)s et les animateur-rices). Les élèves affirment également avoir beaucoup appris sur la question du dérèglement climatique. Beaucoup souhaite que les actions de développement durable se multiplient au sein de l’établissement, et aimerait que l’école organise une journée du Climat (avec des ateliers sur la biodiversité, les océans, les forêts…).

La plupart des élèves sont prêts à changer leurs habitudes de vie : privilégier les mobilités douces, manger local et sans viande, consommer moins de biens matériels et acheter de la seconde main, penser à son bilan carbone… Mais leur avis sur ce que sera le monde dans 10 ans est partagé entre les optimistes confiants dans la nature humaine et les pessimistes qui imaginent se réaliser, dans un futur proche, les prophéties des dystopies climatiques. Nous choisirons de conclure sur une note optimiste :

« Le monde dans 10 ans, je l’imagine avec des changements positifs sur notre manière de consommer, avec des générations futures capables de vivre de façon plus réfléchie pour ralentir, voire arrêter, la catastrophe climatique dans laquelle nous sommes engagés ».

Élève de BTS Bioanalyses et Contrôles et participant à la « Fresque du Climat »