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Newsletter 8 Masterclasse Grand Oral

Rencontre avec l’Histoire(s) de France au Théâtre 13

Jeudi 14 avril. 17h30. Romain, Yselle et Pauline franchissent le portail gris perle de l’École. Tous les trois viennent à la rencontre de 33 de nos élèves de seconde, première et terminale. Nous sommes à quelques heures du début de la pièce Histoire(s) de France qui se joue au Théâtre 13 Bibliothèque.

Romain Dutheil est l’un des trois comédiens de la pièce. Il y interprète le rôle d’un collégien de 6ème qui doit rejouer, avec 2 de ses camarades, 3 moments de l’Histoire de France. Il a connu Amine Adjina, auteur et metteur en scène du spectacle, pendant sa formation à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Cannes.

Pour installer un climat convivial propice aux échanges, Romain commence par demander à nos élèves le moment de l’Histoire de France qu’ils auraient aimé rejouer. L’un d’eux cite la 2nde guerre mondiale, un autre la Révolution Française, un troisième la Terreur.

Le dialogue se poursuit autour des intentions qui ont guidé Amine Adjina dans l’écriture de sa comédie Histoire(s) de France. La pièce interroge sur le sens donné à l’Histoire – le passé permet de comprendre le présent – et sur sa transmission. Romain nous alerte sur nos visions souvent simplistes et simplifiées des réalités et faits historiques. Ainsi, pendant l’Antiquité, l’histoire de la Gaulle ne se résume pas à une confrontation entre les gaulois, petits, trapus, moustachus, et les romains, sveltes, élégants, pédants. Á cette époque, les cultures sont subtilement entremêlées, et la distinction entre gaulois et romains n’est pas aussi claire que l’on pourrait nous le laisser croire. Nos élèves font remarquer qu’il n’est pas toujours facile de trouver des sources accessibles pour le grand public qui rendent compte de la complexité de l’Histoire. Romain leur recommande l’une de celles qui a inspiré Amina Adjina : On a retrouvé l’Histoire de France – comment l’archéologie raconte notre passé – de Jean-Paul Demoule. Il leur conseille également de toujours confronter plusieurs points de vue différents pour saisir la complexité d’une réalité, d’un fait.

La rencontre avec un comédien, c’est aussi l’occasion de parler de la prise de parole en public, ce à quoi tous nos élèves sont confrontés au lycée et ce sur quoi ils seront évalués lors du Grand oral du bac. Romain livre alors ses secrets de comédien : pratiquer la respiration abdominale, répéter son texte à voix haute, apprendre à gérer les silences/les pauses dans le discours, se poser et prendre son temps lorsqu’on parle. C’est entre autre ce à quoi prépare la Masterclasse Grand oral.

Pour achever cette rencontre, Romain demande à nos élèves ce qu’ils aimeraient changer dans leur lycée. Pauline écoute avec attention et recense chacune de leurs doléances : améliorer le cadre de vie de l’école en végétalisant la cour par exemple ; suivre des enseignements pour apprendre à gérer le quotidien (cuisine, gestion des papiers administratifs et des conversations « inutiles »…) et à dessiner (pour apprendre à faire des schémas fonctionnels et esthétiques) ; organiser des évènements pour créer du lien social entre les élèves des différentes classes. Sans le savoir, nos élèves participent à l’écriture d’une petite partie de la pièce de ce soir !

Deux heures plus tard, nous sommes tous réunis au Théâtre 13, chacun avec son billet en main, certains ayant profité du pass Culture1 étendu aux 15-17 ans depuis janvier dernier pour s’offrir leur place de spectacle.

Arthur, Ibrahim et Camille sont 3 élèves de 6ème qui doivent rejouer un moment de l’Histoire de France devant leurs camarades et leur professeur d’histoire. Le récit de leurs aventures aborde avec humour la question de la véracité de l’Histoire autant que celle du genre et de la diversité des cultures.

Leur premier désaccord porte sur le moment de l’Histoire de France qu’ils doivent choisir de rejouer. Le professeur tranche : chacun des 3 élèves choisira un moment de l’Histoire de France et le rejouera avec les 2 autres. Arthur décide de rejouer la bataille de Gergovie qui confronte Vercingétorix à César. Un nouveau conflit émerge dans l’équipe : Camille, à l’esprit « rebelle de mai 68 », refuse de jouer la gauloise potelée à forte poitrine affublée de deux longues nattes blondes. Elle revendique d’incarner Vercingétorix.

Pour Arthur, c’est inconcevable. La fille dont il est secrètement amoureux ne peut être le symbole de la force, de la virilité et de la conquête. Mais Camille aura gain de cause. Arthur jouera César et Ibrahim, vêtu de la Djellaba de son père, un druide dont les incantations ont des airs de salât. Ce mélange des genres suscite rapidement les moqueries des camarades et de l’enseignante. Terrible humiliation ! Qui peut se permettre de juger ce qu’il n’a pas connu ?

Camille choisit de rejouer la Révolution française. Arthur se transforme en Louis XVI et Ibrahim en Marie-Antoinette. C’est sans doute une des scènes les plus hilarantes de la pièce, de quoi faire couler du mascara sur les joues. Marie-Antoinette partage son inquiétude de voir grandir la colère du peuple rongé par la faim alors que Louis XVI ne pense qu’à se goinfrer et partager quelques plaisirs intimes avec sa compagne. S’ensuit la prise de la Bastille et l’installation de la Terreur dans une ambiance rouge sang marquée par la colère et la révolte. C’est alors que les 3 amis, inspirés par cette période de l’Histoire, décident de faire connaître leurs revendications pour améliorer l’école de demain. En souriant, nous les écoutons déclamer les doléances formulées quelques heures plus tôt par nos élèves.

Finalement, c’est au tour d’Ibrahim de choisir un moment clé de l’Histoire de France et de la faire rejouer par ses camarades. Mais que choisir ? Dans quelle période de l’Histoire de France ce jeune issu de l’immigration parviendra-t-il à se projeter ? Sur les conseils de son père, il décide de rejouer le fameux soir du 12 juillet 1998 quand la France gagne, pour la première fois, la coupe du monde de football au Stade de France à Saint-Denis face au Brésil. La scène est émouvante, poignante, quand les 3 collégiens évoquent les 3 buts marqués par Zinédine Zidane et Emmanuel Petit. Parce que même si cela n’a duré qu’un soir, toute la France était unie derrière son équipe de foot pour célébrer la victoire : celle d’en haut avec celle d’en bas ; celle préoccupée par la fin du monde avec celle préoccupée par la fin du mois ; les blancs avec les blacks et les beurres.

Ce spectacle jeune public, qui achève notre trilogie, a ravi les adultes comme les ados :

 « Si je devais mettre une note à cette pièce, elle aurait 9/10. Elle était géniale car le sujet était intéressant et surtout bien abordé, avec un côté comique qui aide les personnes peu habituées au théâtre à l’apprécier. Les acteurs étaient absolument géniaux (Ibrahim était tout de même mon personnage préféré) et arrivaient à très bien jouer et retranscrire les émotions ce qui aide à se projeter dans la pièce »

Élève de terminale STL Sciences Physiques et Chimiques de Laboratoire

« C’était pour moi un vrai plaisir d’avoir assisté à la pièce de théâtre « Histoire(s) de France ». Elle est pour moi l’une des meilleures que j’ai pu voir jusqu’à présent. Du décor au dialogue, tout était minutieusement pensé et préparé. Tous les comédiens jouaient leur rôle à la perfection, notamment l’acteur qui incarnait « Ibrahim ». Ils nous faisaient plonger dans leur univers. Je veux féliciter l’auteur de cette magnifique pièce, d’avoir écrit de manière à ce que les gens de tout âge puissent comprendre facilement. Je vous remercie de nous avoir proposé cette sortie au théâtre. »

Élève de Seconde

1 Le Pass Culture est un crédit alloué par le gouvernement pour favoriser l’éducation artistique et culturelle des jeunes. Son montant annuel est de 20 euros pour les jeunes de 15 ans, de 30 euros pour les 16-17 ans et de 300 euros pour les plus de 18 ans. Pour en savoir plus : https://pass.culture.fr/